Dans la nuit de mercredi à jeudi, Victor Wembanyama a explosé son record en carrière en inscrivant 50 points face à Washington. Assez maladroit depuis le début de saison, surtout à longue distance, Victor Wembanyama a réglé la mire dans la nuit de mercredi à ce jeudi 14 novembre. Et il l’a plutôt très bien fait. En 32 minutes passées sur le parquet, Victor Wembanyama a inscrit 50 points (dont huit tirs à trois points), ce qui en fait de loin son plus gros total sur une seule rencontre.
« C’est vraiment une grande étape, a savouré en conférence de presse le pivot de l’équipe de France. C’est un club très fermé. Je ne sais pas exactement combien de joueurs en font partie, mais c’est clairement quelque chose dont je suis fier. » Tentons donc de décrypter en quatre questions à quel point cette masterclass d’adresse en seulement 32 minutes de jeu va rester dans les livres d’histoire de la NBA.
Pour mesurer le caractère exceptionnel de sa performance, il faut se plonger dans les archives de la NBA - le championnat américain est une mine de statistiques en tous genres. Depuis sa création en 1949, un peu plus de 150 joueurs ont au moins une fois atteint la barre des 50 points en une rencontre.
Le All-Star Game de Denver, où LeBron James faisait ses grands débuts, avait cassé l'équilibre fragile instauré à Cleveland lors de cette saison 2004/05. Ce dimanche 20 mars, LeBron James prend alors les choses en main. C'est alors un LeBron James, au visage enfantin, encore assez brut sur le plan technique.
Les 10 plus gros dunks dans l’histoire de la NBA
Ce club des joueurs à 50 points est-il si « fermé » ?
Tandis que le monde du basket hallucinait devant le record personnel de Victor Wembanyama, Giannis Antetokounmpo a claqué 59 pions mercredi soir dans un certain anonymat, celui qui accompagne toujours une victoire en saison régulière contre les Pistons (127-120). La folle stat que réclamait « Wemby » n’a pas mis longtemps à sortir sur les réseaux sociaux : pas moins de… 166 joueurs ont déjà tapé au moins un jour la barre symbolique des 50 points dans l’histoire de la NBA.
Parmi eux, tous ne sont évidemment pas aussi marquants que le «Greek Freak » de Milwaukee. On vous défie notamment de nous dresser les CV de Tony Delk, Corey Brewer, Brandon Jennings et Terrence Ross (années 2000 et 2010), ou même de Saddiq Bey et Malachi Flynn, exemples plus récents montrant bien à quel point cette ère des orgies offensives à tout-va peut aussi transformer des no names en héros.
Dans l'histoire de la ligue, en comptant Victor Wembanyama, il y a tout de même 168 joueurs qui sont entrés dans le “club des 50 points” depuis les débuts de la NBA, même s'il faut noter qu'ils ne sont que 70 à l'avoir fait plusieurs fois, et donc 98 à l'avoir réussi une seule fois. Évidemment, c'est Wilt Chamberlain qui l'a fait le plus souvent, avec 118 matchs à 50 points et plus.
Quelques joueurs surprenants du "club des 50 points"
- Malachi Flynn
- Walt Wesley
- Corey Brewer
- Tracy Murray
- Tony Delk
- Willie Burton
- Dana Barros
- Terrence Ross
- Andre Miller
Quant à savoir qui sont les joueurs dont la place dans ce “club des 50 points” est la plus surprenante, on peut évidemment citer Malachi Flynn, qui l'a fait il y a quelques mois alors qu'il sortait du banc pour les Pistons, et qu'il ne tourne qu'à 5.5 points de moyenne dans sa carrière. Avant lui, il y avait eu Walt Wesley (8.5 points de moyenne en carrière) et son explosion à 50 points du 19 février 1971, ou encore Corey Brewer (8.7 points de moyenne en carrière) et son match à 51 points du 11 avril 2014. Citons également Tracy Murray, Tony Delk, Willie Burton, Dana Barros ou encore Terrence Ross et Andre Miller, plus habitué à distribuer le caviar qu'à prendre tous les tirs.
50 points. Un seuil mythique. Marquer 50 pions, ça claque. Ça marque les esprits. Pour des joueurs comme James Harden ou Kobe Bryant, c’était monnaie courante à une époque. Mais ça reste une performance d’exception. Réservée à une toute petite portion des joueurs NBA. Il paraît que les pros qui peuplent les différentes franchises sont tous à même de faire des cartons mais que ce n’est finalement qu’une question d’opportunités.
Focus sur ces joueurs qui, le temps d’un soir, touché par la grâce, ont flirté avec les plus grands de leur sport. Allen Iverson. Kobe Bryant. Ray Allen. Shareef Abdur-Rahim. Jermaine O’Neal. Stephon Marbury. Et… Tony Delk. La liste des joueurs draftés en 1996 à avoir inscrit 50 points ou plus lors d’un match NBA. Cherchez l’intrus.
Seizième choix de l’une des cuvées les plus prestigieuses de l’Histoire, le combo guard passé par huit franchises en dix ans de carrière n’a pas laissé une grande empreinte sur la ligue. Puis soudainement, un soir de janvier 2001, l’explosion. Titulaire pour palier à l’absence d’un Penny Hardaway blessé, Tony Delk lâche 53 points lors d’une défaite des Phoenix Suns contre les Sacramento Kings (117-121). Le tout sans le moindre panier primé ! 20 sur 27 aux tirs. 13 sur 15 aux lancers-francs. Et 17 passes décisives pour son partenaire dans le backcourt Jason Kidd. Que des pénétrations et des tirs à mi-distance. Impressionnant.
Kobe Bryant, une légende qui a marqué l'histoire avec ses performances à 50 points.
Double champion universitaire en 2006 et 2007. MOP du Final Four juste avant de rejoindre la NBA. Septième choix de la draft. Corey Brewer était attendu. Mais il a vite montré ses limites. Complet, bon défenseur, combatif, l’ailier athlétique relevait plus du joueur de devoir par excellence que de la superstar. Les joueurs de ce profil se font généralement balader d’un bout à l’autre du pays avec des transferts incessants. Mais en 2013-2014, Brewer a enfin pu profiter d’un peu de stabilité.
Une saison aux Wolves - la franchise où il a débuté avant d’être envoyé à Dallas puis Denver avant de retourner dans le Minnesota - en tant que titulaire. Et un carton mémorable. 51 points. « Je ne vais pas vous mentir… 50 ? Vous savez combien de gars ont marqué 50 points en NBA ? C’est ce qui rend la soirée si spéciale. Et à vrai dire, ses partenaires n’y croyaient pas non plus. « Je vais avoir besoin de revoir le match pour vérifier s’il a vraiment mis 51 points », plaisantait Ricky Rubio.
Le plus ironique ? Le professeur. Le vrai, pas celui de la « Casa de Papel ». Un meneur au très gros QI basket, aussi gros que son popotin à chaque reprise de la saison. Un homme qui ne cachait pas se goinfrer de pizzas et de desserts pendant l’été. Sur le terrain, il savait quand même faire la différence. En faisant des passes. Oui, des passes. Puis, en janvier 2010, il se décide un soir à prendre sa chance. Seulement 2 passes décisives. Mais 52 pions. 22 sur 31 aux tirs et une victoire des Portland Trail Blazers contre les Dallas Mavericks en prolongation.
En voilà un qui n’a pas fait long feu en NBA. Neuvième choix de la draft 1990, le natif de Detroit a disputé 316 rencontres en huit saisons. Léger pour un joueur sélectionné dans le top-10. En revanche, en 1995, Willie Burton a fait des étincelles. Signé par les Philadelphia Sixers où il alterne entre le banc et le cinq majeur, il profite d’un duel avec le Miami Heat, son ancienne équipe, pour faire exploser les compteurs.
C’est encore un record aujourd’hui. Jamais un joueur n’a marqué autant de points en si peu de tirs. Avec 5 paniers à trois-points pour faire gonfler sa marque mais surtout 24 sur 28 aux lancers-francs. Malgré son exploit, Burton ne s’imposera jamais en NBA par la suite.
S’il était né vingt ans plus tard, Tracy Murray aurait été un joueur très coté dans la NBA actuelle. Un ailier assez unidimensionnel mais un sniper sans doute prisé. Il mitraillait à trois-points avant même que le tir lointain devienne à la mode. Et un soir de février 1998, ça a payé pour lui. Auteur de cinq torpilles, le joueur des Washington Wizards a claqué 50 points lors d’un succès contre les Golden State Warriors. Le plus fort ? Son équipe en a marqué 99. Remplaçant quasiment toute sa carrière, Murray a baroudé par la suite.
Aujourd’hui, Terrence Ross est l’un des meilleurs sixièmes hommes de la ligue. Un scoreur qui rentre et qui a carte blanche pour allumer. Ce n’est donc pas si surprenant de le voir faire un carton. C’est le timing qui a surpris. Rookie intéressant mais limité, l’ailier qui jouait alors aux Raptors a claqué ses 51 points dès sa deuxième saison en NBA. Ce soir de janvier 2014, Ross a pris le relais de ses deux All-Stars, Kyle Lowry et DeMar DeRozan, chacun complètement à côté de la plaque. Il en profité pour réaliser un carton, avec notamment 10 tirs primés. 51 points, c’était à l’époque un record de franchise égalé, celui alors détenu par Vince Carter.
Sixième choix de la draft 1966, Walt Wesley a fait une, voire deux bonnes saisons en NBA. Il a longtemps été un pivot remplaçant peu productif. Jusqu’au jour où, en 1971, les Cavaliers lui ont offert un poste de titulaire. Il a saisi sa chance. 50 points passés contre Cincinnati.
Un cas un peu à part dans cette liste. Brandon Jennings était attendu comme une star en NBA. Et pendant les premières années de sa carrière, il a donné l’impression qu’il pouvait développer son potentiel. Le meneur, dixième choix de la draft 2010, a marqué 55 points dès son septième match dans la ligue ! Une performance surprenante. Une sacrée prestation, surtout en raison du parcours de Jennings. Contrairement à la quasi-intégralité des prospects à cette époque, le petit meneur avait renoncé à la NCAA pour aller découvrir le monde professionnel en Italie. Une expérience très difficile mais qui l’a formé pour la suite.
A quel âge les superstars NBA ont-elles atteint les 50 points ?
Ce qui impressionne le plus concernant Victor Wembanyama, c’est qu’il est parvenu mercredi à un tel récital individuel à seulement 20 ans et 314 jours. C’est simple, seulement une gigastar NBA a été plus précoce que lui, à savoir LeBron James à 20 ans et 80 jours, ainsi qu’un franchise player reconnu, Devin Booker (Phoenix) à 20 ans et 145 jours. Michael Jordan avait attendu d’avoir 23 ans, Larry Bird 26 ans ou encore Shaquille O’Neal 22 ans, en sachant que tous les trois avaient effectué un parcours universitaire les emmenant en NBA à 20 ou 21 ans, et non 19 comme « Wemby » ou même 18 comme LeBron James.
Débarqué comme « King James » du lycée à 18 ans, Kobe Bryant n’avait par contre connu son premier 50 « qu’à » 22 ans. Ce qui est assez terrifiant, c’est de constater que la légende regrettée des Lakers avait au total franchi la barre des 50 points à 25 reprises dans sa carrière, soit quasiment comme James Harden (23 fois) et Michael Jordan (31 fois). Quant à « Mr 100 points » Wilt Chamberlain, il a réussi cet exploit devenu ordinaire... à 118 reprises ! Une autre époque donc, quand on voit que même dans la NBA actuelle aux défenses permissives, le MVP absolu Nikola Jokic n’a scoré plus de 50 points qu’à deux reprises dans sa carrière.
Dans l’histoire de la NBA, seuls trois joueurs avaient réussi une telle performance en étant plus jeune que lui. A 20 ans et 314 jours, Wembanyama, dont le précédent record personnel était de 40 points, est seulement le quatrième plus jeune joueur à atteindre ce plateau en NBA, derrière Brandon Jennings (20 ans et 52 jours en 2009), LeBron James (20 ans et 80 jours en 2005) et Devin Booker (20 ans et 145 jours en 2017).
Parmi les dix meilleurs marqueurs de l’histoire de la NBA, seul LeBron James a réussi une telle performance en étant plus jeune que le Français. En comparaison, Kobe Bryant et Kareem Abdul-Jabbar avaient 22 ans passés quand ils ont inscrit pour la première fois 50 points en un match et Michael Jordan 23.
Âge des joueurs lors de leur premier match à 50 points
| Joueur | Âge |
|---|---|
| LeBron James | 20 ans, 80 jours |
| Devin Booker | 20 ans, 145 jours |
| Brandon Jennings | 20 ans, 52 jours |
| Victor Wembanyama | 20 ans, 314 jours |
| Michael Jordan | 23 ans |
| Shaquille O’Neal | 22 ans |
| Kobe Bryant | 22 ans |
| Kareem Abdul-Jabbar | 22 ans |
| Larry Bird | 26 ans |
A-t-il déjà signé la plus haute perf d’un Français en NBA ?
Non, mais un peu quand même. Car si les 55 points de Tony Parker, lors d’un Minnesota-Spurs (125-129) de novembre 2008, ont cette fois tenu bon, il convient d’apporter une précision. « TP » n’avait en effet inscrit « que » 42 points dans le temps réglementaire ce soir-là et il avait profité à balle de la double prolongation pour faire gonfler sa plus grosse prestation offensive ever (22/36 aux tirs et 10 passes décisives en plus).
On se retrouve donc avec un 55 points en 50 minutes vs un 50 points en 32 minutes pour « Wemby » mercredi. On vous laissera faire votre choix pour comparer nos deux Frenchies de San Antonio. En sachant que le si ambitieux intérieur des Spurs compte bien vite clore la question du record tricolore.
Victor Wembanyama est le deuxième Français à atteindre 50 points en NBA. Avant lui, Tony Parker en avait inscrit 55 lors d'une victoire face à Minnesota en novembre 2008.
Côté Français enfin, seul Tony Parker (55 points en 2008, à l’âge de 26 ans) avait jusqu’à présent réussi à marquer 50 unités dans un match (avec double prolongation).
Un géant a-t-il déjà autant dégainé de loin avec succès ?
Bien sûr que non, la grande première de la nuit est là, et les Américains se régalent à ce propos en lâchant autant de stats sur le sujet que « Wemby » ne dégaine des bombinettes du parking du Frost Bank Center. L'ancien intérieur de Boulogne-Levallois est officiellement devenu le plus grand joueur par la taille à inscrire huit tirs primés dans le même match.
De même, on a découvert l’identité des trois derniers shooteurs à avoir enchaîné trois matchs consécutifs à minimum six paniers à trois points. On y trouve Stephen Curry (what a surprise), Trae Young et Klay Thompson, soit trois arrières et gâchettes pures et dures de moins de 2 mètres. S’ajoute à présent à la liste un tentaculaire pivot de 2,24 m.
Pour établir cette performance, le Français a montré une belle adresse à 3 points avec huit tirs réussis sur seize tentés, s’offrant également là un record de carrière.